La problématique des risques a pris dans nos sociétés une importance considérable qui se traduit au quotidien par la mise en œuvre de mesures et méthodes d’évaluation et de prévention destinées à en limiter les conséquences potentielles sur l’homme, les biens, l’environnement, l’activité économique et la société.
L’atelier Artem « cindyniques – sciences du danger » porté par Rasool Mehdizadeh enseignant-chercheur à Mines Nancy/GeoRessources, Philippe Oudin, Professeur associé et Clément Judek, doctorant a pour objectif d’apporter aux étudiants des éléments méthodologiques pour appréhender les risques dans le monde incertain et complexe d’aujourd’hui en croisant l’expertise de l’ingénieur, l’approche du manager et le regard de l’artiste. La problématique de la « gestion de crise » représente également une partie significative du programme. Un exercice de simulation de crise permet de confronter les étudiants à la prise de décision à l’échelle stratégique face à une situation de crise.
Une expertise portée par Mines Nancy
Proposé par Mines Nancy dans le cadre des ateliers Artem de 2e année, l’atelier « cindyniques – sciences du danger » permet non seulement une confrontation des cultures des étudiants des 3 écoles de l’Alliance Artem (Mines Nancy, ICN Business School et ENSAD) mais également une collaboration avec des professionnels de la gestion de crise dans des domaines aussi divers que la banque/assurance ou la sécurité aérienne en passant bien entendu par les urgences médicales. Cette confrontation est à la fois théorique avec des conférences de professionnels mais également pratique avec des exercices de simulation de crise et des visites.
Cette année, plus de 50 étudiants de Mines Nancy, ICN et de Polytech Nancy ont participé à cette simulation. Plusieurs experts (de la Police Nationale, hôpital militaire de Metz, RTE, SDIS 54, IKARIOM (consultant en sécurité aérienne), médecins, Université de Lorraine, SEMACO (bureau d’étude en Environnement) ont été également invités à participer à cette journée en tant que professionnels dans la cellule d’Animation.
Parce qu’une crise n’est pas un accident, il arrive qu’une situation échappe au contrôle des gestionnaires, ce qui peut conduire à une situation de crise. Dans cette nouvelle configuration, les procédures et les plans déjà existants ne sont plus totalement appropriés pour contenir la situation. Les cellules de crise doivent innover afin d’élaborer un plan de réponse adapté. Les situations de crise n’étant pas fréquentes, l’entraînement se veut être une opportunité d’acquérir de l’expérience.
L’approche iCrisisTM, développée à Mines Nancy par l’équipe du professeur Thierry Verdel dans le cadre de travaux de recherche, est un jeu de rôle collaboratif dans lequel plusieurs cellules de crise sont amenées à faire face collectivement à une situation de crise virtuelle.
Par sa nature, iCrisisTM est un dispositif flexible de mise en situation qui recrée les caractéristiques propres à la crise : l’urgence, les incertitudes, l’anxiété etc.
Sur le plan technique, iCrisisTM est un système informatique de pilotage qui prend la forme d’une application web à laquelle les participants se connectent pour échanger des informations ou des actions. Le système permet à l’équipe d’animation d’observer ces échanges pour faire évoluer le « scénario ouvert » en fonction des réactions des participants. Capitalisant les données des simulations, le système fournit diverses analyses statistiques sur les échanges utiles au cours du débriefing.
Immersion dans la gestion de crise
Le 1er février dernier les étudiants de l’atelier cindyniques ont enfilé les costumes des membres de cellules de crise d’une préfecture, d’une mairie et d’une entreprise. Le terrain de jeu a été le département de la Gironde et plus précisément la Presqu’île d’Ambès dans la partie nord de l’agglomération bordelaise. Ce territoire en partie urbain abrite de nombreuses industries qui l’ont privilégié pour sa situation de proximité avec la Garonne. Les opportunités liées à la présence du fleuve se transforment parfois en menaces lorsque les conditions sont réunies et que celui-ci entre en crue.
Les neo-gestionnaires de crise ont donc dû se réunir pour faire face à une série d’événements en chaîne. L’effet domino a été initiée par la rupture d’une digue canalisant un cours d’eau drainant la Presqu’île suite à l’envahissement de son lit par l’eau de la Garonne à marée haute non retenue par un clapet déficient. Les conséquences de la brèche dans la digue ont été multiples puisque les réseaux routier, d’eau, les usines et habitants ont été impactés. La situation s’est nettement détériorée quand l’eau a endommagé une installation produisant des produits chimiques qui se sont déversés. Des problématiques sanitaires et environnementales ont alors été soulevées tenant en haleine les 51 acteurs du jour. Une situation relève de l’extraordinaire et du dépassement des repères, en parallèle de cette situation, un accident impliquant TMD (Transport de Matières Dangereuses) s’est produit sur l’autoroute A10 faisant apparaître les difficultés liées à la gestion des impliqués et la décision jamais simple d’évacuer et où de confiner. Bref, une belle journée en Gironde.
Le moment le plus important était ensuite la séance de débriefing animée par des spécialistes ou chaque groupe a présenté son bilan de l’exercice. Regroupant tous les participants (étudiants, professionnels et enseignant) ce moment d’échanges a permis de tirer de nombreux enseignements sur la gestion du groupe mais aussi sur la gestion individuelle du danger et du stress par les participants.
Cette simulation a accueilli également une journaliste du Point qui a ainsi rédigé un article dans le numéro du 21 février 2019 intitulé : Gestion de crise pour futurs managers “Les écoles placent les dirigeants de demain devant des situations complexes et imprévues pour leur apprendre à mieux affronter les tempêtes”.
L’expertise de Mines Nancy en cindyniques et l’approche iCrisisTM est aujourd’hui intégrée à d’autres formations (incendies et travaux souterrains) ainsi qu’à d’autres écoles d’ingénieurs comme Polytech Nancy.