Lucie Poulet, étudiante ICM au département EPT en 2007, revient sur son parcours post Mines Nancy. Découvrez son histoire :
Je me considère assez chanceuse, car, depuis ma sortie de l’Ecole des Mines de Nancy en juin 2009, je n’ai travaillé que sur des projets plus intéressants les uns que les autres. Et ceci je le dois en majorité à l’excellente formation dispensée par le département EPT qui m’a permis d’acquérir les connaissances techniques nécessaires pour pouvoir accéder à ces projets.
En effet j’ai effectué mon deuxième stage de césure à l’Agence Spatiale Européenne pour étudier les transferts énergétiques de la boucle MELiSSA, un système de support de vie pour de longues missions spatiales habitées. Imitant un écosystème aquatique, les déchets organiques de l’équipage sont recyclés puis utilisés pour nourrir des plantes qui fournissent à leur tour l’eau, l’oxygène et la nourriture à l’équipage.
Cette expérience à l’ESA, couplée aux connaissances acquises dans le département EPT, m’a permis d’être acceptée pour ma 3e année en master de recherche en Aerospace Engineering à Purdue University, classée 4ème des USA dans cette filière.
J’y ai travaillé pendant 2 ans dans un laboratoire de recherche, en parallèle de mon master, sur un dispositif d’éclairement à faible coût énergétique, permettant de faire pousser des plantes dans l’espace. Ce dispositif pourrait être mis en place, à terme, dans un système de support de vie comme MELiSSA.
Après mon Master à Purdue University, j’ai été embauchée comme ingénieure de recherche au centre aérospatial allemand (DLR) sur le site de Brême, où je suis restée deux ans. Je travaillais sur des problématiques de serres spatiales, couplant ingénierie système et calculs thermiques et de dépense énergétique.
Entre mars et juillet 2014, j’ai participé à une simulation de mission sur Mars au sein du programme Hawaii Space Exploration Analog and Simulation (HI-SEAS) financé par la NASA. Il s’agissait pendant 4 mois de vivre avec cinq autres scientifiques comme si nous étions sur Mars : pas de communication directe avec l’extérieur, pas de sortie sans scaphandre, des ressources limitées et eau et électricité, etc… Ce faisant, nous étions étudiés par des scientifiques qui cherchent à déterminer l’impact psychologique d’une telle mission en isolation, ainsi que les interactions de groupe et la performance et cohésion d’une telle équipe, en vue de préparer les prochaines missions habitées pour Mars.
En janvier 2015, j’ai commencé une thèse de doctorat dans l’Institut Pascal à l’université Blaise Pascal de Clermont-Ferrand. Cette thèse, financée par le CNES et le CNRS, est en rapport avec le projet de l’ESA MELiSSA, déjà évoqué. Revenir à un statut étudiant (et à un salaire de thésard) après avoir travaillé pendant deux ans n’a pas été un choix facile, mais je voulais faire de la recherche, et la thèse est comme un « passeport » pour la recherche. Il est très dur, voire impossible, d’évoluer dans le milieu de la recherche sans un doctorat. D’autre part, mon travail au DLR ne m’offrait pas le challenge mental dont j’avais besoin et je savais qu’en thèse j’allais trouver ces difficultés et me « casser la tête » sur des problèmes scientifiques à résoudre. Enfin, le sujet de cette thèse m’a vraiment motivée à postuler, car il est dans la lignée de ce que j’ai pu faire jusqu’à présent et propose de mettre en place des outils qui n’existent pas encore. Le but de ma thèse est de développer un modèle physique de croissance des plantes en environnement où la gravité est inférieure à la gravité terrestre. J’utilise donc toutes mes connaissance acquises en EPT, notamment en mécanique des fluides et thermique, que j’applique à un système biologique ; je développe mon modèle en Python.
C’est hautement interdisciplinaire et très enrichissant ! Je n’ai vraiment aucun regret d’être retournée à l’université. En trois mois de thèse, j’avais déjà plus appris qu’en deux ans au DLR.
Témoignage posté en février 2016 par
Lucie Poulet
Promo 2007