Benoît Blanpain, étudiant ICM au département EPT en 2004, revient sur son parcours post Mines Nancy. Découvrez son histoire :
En fin de 1ère année, mon choix pour l’option « Production et Transformation de l’Energie » (ancêtre d’EPT puis Énergie & Fluides) s’est imposé comme une « évidence ». Passionné de physique, et de manière plus concrète, d’aéronautique et de spatial, ce département me semblait être celui qui me préparerait le mieux à travailler dans ces domaines. Ma 2e année a été l’occasion d’acquérir des connaissances solides, et des méthodes de modélisation et résolution de problèmes techniques complexes, allant jusqu’à permettre l’innovation. J’en garde d’excellents souvenirs, et, même, une certaine fierté d’avoir pu mener durant cette année un projet scientifique visant à proposer des améliorations aérodynamiques de Formule 1, dans le cadre d’un concours lancé à l’époque par Renault F1…
À la suite de cette année riche et épanouissante, j’ai rejoint l’ENSTA pour suivre les cours de la filière « Propulsion Spatiale ».
J’ai pu acquérir des notions plus précises dans ce domaine qui m’est cher. Ma formation en PTE m’a permis d’y être parfaitement à l’aise et donc d’en profiter pleinement. Bien que mon stage de fin d’étude chez Snecma sur la reconception d’une partie du moteur de la fusée Ariane ait été parfaitement satisfaisant en de nombreux points, j’ai opté pour une autre aventure pour mon début de carrière. Le choix m’était donné à ce moment crucial de poursuivre dans le spatial, mais également de partir dans le monde de la défense ou dans le nucléaire. Les perspectives annoncées à l’époque dans cette troisième voie m’ont séduit.
En septembre 2007, j’ai donc rejoint AREVA en tant qu’ingénieur Systèmes Fluides. J’ai travaillé à améliorer la performance et la sûreté des centrales nucléaires françaises et étrangères en fonctionnement, puis en projet. J’ai eu plaisir à évoluer durant 6 ans dans cet environnement complexe et qui ne tolère que l’excellence. Là peut-être plus encore qu’ailleurs, les compétences techniques acquises en PTE ont pu être mises à profit et être reconnues. Cette expérience a été passionnante.
C’est d’ailleurs cette passion que j’ai voulu transmettre à mon tour en revenant à l’Ecole des Mines à travers un module de cours de Génie nucléaire que j’ai construit en 3e année.
J’ai essayé d’inscrire ce module dans la tradition technique des cours des Mines, d’en profiter pour inviter les élèves à une réflexion plus illustrée sur un sujet qui fait débat, et enfin par cette occasion aussi de rendre à l’Ecole ce qu’elle m’a donné (ce module a été repris par une autre personne d’AREVA, M. Olivier Gascoin). Lors de ma dernière année à AREVA, j’ai œuvré à la définition de l’architecture thermohydraulique d’un nouveau projet de réacteur nucléaire. Ce dernier projet a été une nouvelle fois très captivant et m’a donné le goût de l’innovation. C’est ce qui m’a poussé à changer de métier pour y passer l’essentiel de mon temps.
J’ai rejoint mi 2013 le groupe ATLANTIC dans le chauffage domestique pour un poste d’ingénieur R&D en charge de l’innovation. Encore une fois la qualité et la diversité de l’enseignement que j’ai reçu m’ont permis d’être crédible lors de mon recrutement et de m’adapter sans mal à un nouveau secteur d’activité. J’ai travaillé sur le développement de chaudières gaz, fioul, bois, hybrides, pompes à chaleur et plus précisément sur une nouvelle gamme de produits. C’est beaucoup plus concret que ce sur quoi j’avais pu travailler jusqu’à présent : les chalumeaux et les presses étaient à 10 m de mon bureau, les chaines de montages à 30 m. Dans un premier temps, j’ai été amené à faire tourner des simulations CFD d’une CAO paramétrique que j’ai construite, à piloter le montage d’un prototype, à suivre des essais d’endurance de composants ou de systèmes entiers… mais aussi à rendre visite à de potentiels futurs partenaires en France ou à l’étranger, à intervenir dans des problématiques de définition de produits liées au marketing, etc…
Dans cet environnement, la dimension généraliste est très adaptée et ma capacité à modéliser des problèmes, habituellement traités empiriquement, a été appréciée. C’est encore une fois à ma formation d’ingénieur, et plus particulièrement à ma 2e année en PEE (désormais département Energie), que je le dois.
Je profite au passage de cette tribune pour défendre l’idée selon laquelle travailler en PME peut être extrêmement enrichissant. Dans un « prestigieux » grand groupe, dans la même journée il ne m’aurait pas été possible de préparer un dépôt de brevet, de participer à la résolution d’un problème de sécurité en production, de discuter de l’évolution des ventes et des perspectives stratégiques de développement avec des membres de la Direction, de suivre le déroulement d’essais acoustiques en chambre réverbérante et de réorienter la conception d’un prototype comportant des matériaux à changement de phases. De façon plus générale, cela a été également l’occasion de comprendre en détail comment une entreprise fonctionne, et de prendre conscience de ce qu’est le monde du travail pour des corps de métiers et des statuts très variés.
J’ai finalement quitté fin 2016 cet environnement formateur, responsabilisant et convivial, où j’ai eu beaucoup de plaisir à travailler, en saisissant l’opportunité de rejoindre ITER Organization, qui gère un projet qui m’est cher depuis que j’en ai eu connaissance à l’occasion d’un projet 1ère année à Mines Nancy. ITER est en effet un gigantesque projet ambitieux et novateur qui vise à développer une filière de fusion nucléaire, beaucoup plus propre, sûre, abondante et équitable, pour la seconde moitié du siècle. J’y supervise les activités d’ingénierie liée aux systèmes qui font face au plasma (couverture et divertor), les systèmes hydrauliques qui refroidissent le tokamak, et celui qui protège la chambre à vide d’une éventuelle surpression. En particulier je m’assure de leur bonne intégration dans cet immense complexe, dont le fonctionnement à plein régime est prévu pour 2035 ! J’ajoute à cette complexité technique des problématiques d’ordres politiques voire diplomatiques relatives au simple fait que les financements, une bonne partie des études et les composants proviennent de 35 pays différents ayant des intérêts pas toujours parfaitement convergents. Enfin, j’évolue désormais dans un environnement dans lequel la dimension multi-culturelle est omniprésente à l’image des 11 nationalités qui collaborent dans l’équipe de 20 personnes que je viens de rejoindre.
Ce changement étant très récent, je manque de recul pour en dire davantage, néanmoins cette nouvelle expérience illustre une fois de plus la diversité des opportunités qui peuvent être offertes à l’issue de la filière Energie.
Témoignage posté en avril 2017 par
Benoît Blanpain
Promo 2004