Le 3 décembre, veille de la Sainte Barbe, patronne et protectrice des mineurs, pompiers… et par extension des ingénieurs des Mines, Mines Nancy inaugurait la pose de sa Sainte Barbe, offerte par l’Unité Territoriale Après-Mine Est du BRGM. Un moment symbolique au cours duquel l’école à également rendu hommage aux élèves et anciens élèves morts pour la France.


La légende de Sainte Barbe

Originaire d’Orient au milieu du IIIe siècle, Barbara est la fille unique de Dioscore. Très courtisée elle refuse de se marier. Son père l’enferme alors dans une tour d’un grand luxe, où elle vivra à l’écart des hommes. Pendant l’absence de son père, convoqué par l’Empereur, le Christ se révèle à elle. Elle se convertit au Christianisme. Sa conversion est matérialisée par la troisième fenêtre qu’elle fait percer dans la tour, symbolisant la Trinité.

Elle s’enfuit de cette tour, mais est rattrapée suite à la dénonciation d’un berger. Pour la faire abjurer de sa foi, elle fut torturée, mais par la grâce de Dieu, elle ne ressent pas la douleur.  Elle sera décapitée par son père qui fut immédiatement foudroyé et le berger dénonciateur transformé en pierre. Les chrétiens la nommèrent « la jeune femme barbare », d’où son nom de Sainte Barbe

La richesse des légendes qui entourent le martyre de Sainte Barbe est à l’origine de diverses croyances et pratiques : les mineurs d’abord mais aussi les artificiers, les salpêtriers, les fondeurs, les arquebusiers et les pompiers se sont mis « sous sa protection ». En résumé, tous les métiers en rapport avec la foudre et le feu se tournent vers elle, les plus connus sont les mineurs, les canonniers et les pompiers. Elle fut surnommée « la Sainte du feu ».


Les éléments clés de Sainte Barbe 

La Sainte Barbe est souvent représentée avec :

  • La tour où elle était enfermée. Cette tour est dotée de trois fenêtres alors qu’au moment de son enfermement, elle n’en avait que deux. C’est la Sainte Barbe qui ouvrit la troisième représentant la sainte Trinité.
  • La palme du Martyre

Notre Sainte Barbe dispose de ces deux attributs. Toutefois, d’autres statues de Sainte Barbe peuvent avoir : un calice, une couronne, un livre, une lampe de mineur… cela en fonction  de l’inspiration de son créateur qui était  toujours un mineur. Ces statues de Sainte Barbe  siégeaient pour beaucoup au fond de la mine, sur le passage des mineurs.


La Sainte Barbe exposée à Mines Nancy

Créée en 1985 pour le siège de Vouters, un site d’extraction du charbon des Houillères du Bassin de Lorraine (HBL) à Freyming-Merlebach (57), cette Sainte Barbe est l’œuvre de Robert Muller, un artiste de Saint-Avold (57).

Au départ, la ville de Freyming-Merlebach comptait deux sièges d’extraction indépendants : Cuvelette et Merlebach qui exploitaient, tous deux sous la ville des veines de charbon en dressants (pentées de 60° à plus de 90°), entre 315m et 1250m (un des plus profonds d’Europe).

Le siège de Merlebach se composait de trois sites principaux avec des puits : Vouters, Reumaux et le puits Nord en Allemagne. Dans un premier temps, le siège de Cuvelette fut rattaché à Merlebach pour devenir le plus grand siège d’Europe (4,5 millions de tonnes par an). A proximité du puits de Reumaux, un champ de plateures (0 à 30°) et de semi-dressants (30 à 60°) fut découvert et exploité. Il a été décidé de spécialiser les sites d’extraction, par la création de deux sièges : Reumaux pour les plateures et semi-dressants et Vouters pour les seuls dressants.

Le siège de Vouters était le seul des 5 sièges, à ne pas disposer de sa Sainte Barbe. Cette absence fut comblée le 4 décembre 1985 par Monsieur Brossard, alors Chef de siège. Elle ne fut pas descendue au fond mais elle siégeait dans la salle des mineurs, où ces derniers se rassemblaient avant la descente. C’est un grand médaillon de 150 cm de diamètre, composé de deux faces identiques assemblées (était-ce prémonitoire à son dédoublement ?). Au centre, se dresse Sainte Barbe avec la tour et ses trois fenêtres, où elle fut enfermée et dans sa main gauche la palme du Martyre. En bas du médaillon, des casques de mineurs avec leur lampe. Sainte Barbe pose sa main droite sur un casque en signe de protection. A gauche du médaillon, la vue depuis l’entrée du siège sur les cheminées et le château d’eau avec à droite la tour du puits Vouters qui servait à la descente du matériel et des hommes (profondeur 1300m). Cette tour et ces cheminées sont aujourd’hui détruites.

Lors de la fermeture du siège, cette Sainte Barbe fut transférée dans le bâtiment de l’UTAM-EST du Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM) à Freyming-Merlebach, où les deux faces furent séparées et accrochées au mur des deux entrées du bâtiment du BRGM.


A retenir à propos de la Sainte Barbe

  • La Sainte-Barbe se fête chaque 4 décembre
  • D’origine perse, Sainte-Barbe est souvent représentée en jeune fille portant une couronne, une palme de martyre et un ciboire
  • C’est la fête de la patronne et protectrice des artilleurs, des sapeurs, des canonniers, des artificiers, des géologues, des pompiers, des mineurs… et par extension, des ingénieurs des Mines.
  • La Sainte Barbe est toujours synonyme de festivités et de convivialité
  • L’autre face de la Sainte Barbe de Vouters (réplique exacte de ce modèle) est toujours présente à l’Unité Territoriale Après-Mine (UTAM) Est du BRGM de Freyming-Merlebach.
  • Le transfert de cette Sainte Barbe à l’École témoigne des liens forts  qui se sont tissés entre les Houillères du Bassin de Lorraine (HBL) et Mines Nancy, à savoir :
    • de nombreux ingénieurs des mines ont travaillé aux HBL ;
    • les Houillères, à l’époque, versaient la taxe d’apprentissage à l’École ;
    • les Houillères ont beaucoup travaillé avec l’École, principalement avec les équipes du laboratoire de mécaniques des roches de Jean-François Raffoux et Jean-Pierre Josien. Avec elles, des principes d’exploitation ont été mis au point et vulgarisés, des études et des expertises ont été menées suite à des événements géologiques inconnus, principes encore appliqués aujourd’hui.
    • enfin, sa présence rappelle aux élèves et diplômés que l’École, aujourd’hui ouverte à de nombreuses thématiques, avait pour origines l’exploitation du minerai de fer, du charbon et la sidérurgie.